Lorsque Dvorak, grand compositeur tchèque et excellent chef d'orchestre accepta l'invitation de se rendre à New York pour y prendre la direction du conservatoire de musique (et de l'orchestre philharmonique de New York), il avait déjà à son actif la composition de huit symphonies, et d'une multitude de musique de chambre, concertante, etc… Il était aussi l'un des personnages les plus en pointe politiquement pour réclamer la reconnaissance de la nation tchèque (soumise à l'empire austro-hongrois), avec Smetana, et avant Janacek.

 

Les thèmes qui fourniront l'essentiel de sa neuvième symphonie, composée donc aux Etats Unis, ne sont pourtant pas issus du nouveau monde, mais du folklore de son pays natal, resté enfoui en lui. Même pour le chant de l'indien "Yawata" du second mouvement, qui lui venait de Bohême…

 

Tout cela pour dire qu'il ne faut pas oublier, dans toute interprétation de cette symphonie, d'y rechercher les vibrations, le chant, et la légèreté des rythmes, qui composent le caractère de la musique tchèque. Ne pas oublier non plus que la salle de concert "Dvorak" du Rudolfinium de Prague fut inaugurée par ce dernier de retour des USA, afin d'y diriger l'Orchestre Philharmonique Tchèque nouvellement enfanté pour l'occasion, et d'y créer (pour l'Europe) sa neuvième symphonie… Tout cela pour souligner que le "nouveau monde" était certainement chez Dvorak le moment où son beau pays finirait par aboutir à trouver enfin son indépendance.

 

Bien des interprétations ont marqué l'histoire du disque, mais j'aimerais en citer deux en particulier, car construites par (des orchestres et) des chefs admirables, musicalement comme humainement : Karel Ancerl et Ferenc Fricsay. Étonnamment, ces deux grandes personnalités du vingtième siècle, bâtisseurs d'orchestres, sont des rescapés de la seconde guerre mondiale, et des camps de concentration nazis. La vie a été pour eux plusieurs fois des "nouveaux mondes", ils ont pourtant su comme personne faire vibrer les cordes, faire chanter les vents, et rendre aux rythmes toute une vie… Ils parviennent, jusqu'à aujourd'hui encore, à nous remplir de force et d'espoir.

 

Dan

 

 

Orchestre Philharmonique Tchèque, direction Karel Ancerl (Supraphon)

Orchestre Philharmonique de Berlin, direction Ferenc Fricsay (DG) existe en format studio master téléchargeable chez Qobuz